Télévision : un miroir déformant de la sexualité?

La télévision est souvent dépeinte comme une source d’influence négative en ce qui a trait aux comportements sexuels des adolescents. Même si la plupart des études concernant l’effet de la télévision sur la sexualité des jeunes ne concluent pas à des liens de causalité directs, un bon nombre d’entre elles suggèrent un impact plutôt négatif sur ces derniers.

Selon les études que nous avons recensées sur le sujet, plusieurs indiquent que chez les adolescents, visionner du contenu sexuel à la télévision serait lié à une perception de la réalité, à des attitudes, ainsi qu’à des attentes marquées par des modèles et des idées habituellement véhiculées par ce type de contenu (Escobar-Chaves et Anderson, 2008; Escobar-Chaves, Tortolero, Markham et al., 2005; Strasburger, Wilson et Jordan, 2009; Strasburger et al., 2010; Ward, 2003).

Ces idées et modèles, souvent stéréotypés, gravitent autour :

  • du déplaisir lié à la virginité
  • de la normalité de la précocité sexuelle
  • de l’approbation du sexe en dehors des relations de couple
  • d’une surestimation de la fréquence de certains comportements sexuels dans la population
  • de l’endossement de notions sexistes, stéréotypées et désinvoltes (sexe sans responsabilité et risque) par rapport à la sexualité

Aussi, certaines études menées en laboratoire auprès d’adolescents montrent davantage de cognitions de cette nature chez les jeunes ayant regardé des contenus à connotation sexuelle que chez ceux n’ayant pas visionné ce type de contenu (Escobar-Chaves et Anderson, 2008; Strasburger, Wilson et Jordan, 2009;Ward, 2003). Certaines de ces études concluent même que regarder du contenu sexuel à la télévision contribuerait à augmenter la probabilité de rapports sexuels précoces chez les adolescents.

Un bémol…

Toutefois, il semble important de souligner que même si la plupart des études concernant l’effet de la télévision sur la sexualité des jeunes indiquent un impact plutôt négatif sur ces derniers, d’autres études n’arrivent pas aux mêmes conclusions. C’est notamment le cas d’une recherche publiée dans le journal américain PEDIATRICS (2003) suggérant que la télévision de divertissement peut représenter une véritable  source d’éducation sur les questions reliées à la santé sexuelle des jeunes. (Voir le précédent billet sur le sujet « Friends : l’amie des ados, l’alliée des parents… » publié dans notre blogue). Ainsi, il semble que certains programmes télévisuels pourraient engendrer des effets positifs sur la sexualité des adolescents. En ce sens, peut-être faudrait-il considérer davantage la qualité du contenu télévisuel étudié lorsque l’on se penche sur ce type de sujet.

Références

Escobar-Chaves, Soledad Liliana & Anderson, Craig A. (2008). Media and Risky Behaviors. The Future of Children, 18(1), 147-180.

Escobar-Chaves S.L., Tortolero S.R., Markham C.M., Low B.J., Eitel P., & Thickstun P. (2005). Impact of the media on adolescent sexual attitudes and behaviors. Pediatrics, 116(1), 303-326. Gorely, T., Marshall, S., & Biddle, S. (2004). Couch kids: Correlates of television viewing among youth. International Journal of Behavioral Medicine, 11(3), 152-163.

Strasburger, V. C., Wilson, B. J., & Jordan, A. B. (2009). Children, adolescents, and the media. SAGE.

Ward, L. M. (2003). Understanding the role of entertainment media in the sexual socialization of American youth: A review of empirical research. Developmental Review, 23(3), 347-388.