Il n’est pas toujours aisé de parler de bonne alimentation, notamment lorsque cela concerne les jeunes adolescents. Dans le cadre d’un groupe de discussion composé de dix adolescents montréalais issus de communautés culturelles variées, certains m’ont dit assez clairement « on est tannés de se faire dire quoi manger puis de se faire parler de fastfood ! On le sait que c’est pas bon! ».
On pourrait interpréter cette réaction dans une perspective développementale : elle témoigne d’un désir d’émancipation face à toute forme d’intervention en provenance de figures d’autorité de type « je suis assez grand pour savoir quoi faire de ma vie! ».
Elle semble nous parler aussi d’une réaction à un contexte social dans lequel plusieurs interventions scolaire, communautaire et de santé publique, malheureusement pas toujours concertées, ciblent massivement les jeunes pouvant générer un certain « haut-le-cœur ».
Et si le discours était porté par M. Banane?
L’organisme Sport étudiant a développé un programme d’intervention original ciblant les habitudes alimentaires des adolescents. Ce programme comporte de courtes capsules scénarisées diffusées sur Internet (www.peluredebanane.com), qui sur le ton de l’humour absurde et de la dérision, deux procédés susceptibles de plaire au public cible, nous « enseignent » entre autres la règle des 5 à 10 portions de fruits et légumes.
Cette stratégie de communication s’accompagne de défis implantés dans les écoles secondaires, dans lesquelles on invite notamment les jeunes à manger 6 à 8 portions de fruits et légumes par jour pendant une semaine. De plus, on les incite à organiser des activités originales dans leur école pour sensibiliser leurs pairs à la bonne l’alimentation.
L’évaluation de l’intervention montre que les jeunes ont apprécié relever le défi et le caractère loufoque de l’initiative, avec sa mascotte, M. Banane.
Sur le Portail Internet et santé, Karine Taz, de Sport étudiant, donne quelques exemples des initiatives des jeunes dans le cadre du programme :
« L’aspect loufoque inspire souvent ces jeunes à utiliser leur créativité pour créer des projets qui traitent de l’alimentation de façon amusante et originale. Par exemple, un des projets était de permettre aux étudiants qui achetaient un fruit ou un légume à la cafétéria de s’exécuter au Dance Dance Révolution qui était installé dans la cafétéria! Une autre école a fait venir les policiers de la municipalité pour émettre des contraventions aux étudiants qui n’avaient pas de fruit ou de légume dans leur lunch et ceux-ci étaient invités à payer leur contravention en allant se chercher un fruit ou un légume disponible gratuitement au buffet ».
Que pensez-vous de cette intervention?