Trop sexualisés les enfants?

Depuis quelques années, le phénomène de l’hypersexualisation a fait couler beaucoup d’encre. Mais à quoi ce terme fait-t-il référence exactement? À la mode ou à des concours de fellation dans l’autobus scolaire? À une préoccupation pour la sexualité de plus en plus tôt ou à un désir exagéré de plaire? Et qu’en est-il réellement? Les enfants sont-ils devenus trop sexuels? Qu’entendons-nous par là? Et si c’est le cas, d’où cette idée farfelue leur est-elle venue? L’American Psychological Association (APA) s’est penchée sur ces questions, apportant un éclairage nouveau sur le sujet.

Overdose de sexe en 4 temps

L’hypersexualisation se définit par quatre critères :

  • la valeur d’une personne se base sur son attrait ou son comportement sexuel
  • le standard de beauté à atteindre est d’être sexy
  • la personne est là pour répondre aux besoins sexuels des autres
  • la sexualité est imposée de façon inappropriée

Les filles seraient plus susceptibles d’être hypersexualisées, car elles sont soumises très tôt à de nombreuses influences qui leur servent de modèle dans la publicité, à la télévision, par la mode et une panoplie de marchandises comme la très sexy poupée «Bratz»:

Objet de femme

À cet égard, Mariette Julien, professeure à l’École supérieure de mode de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), pose la question suivante : se pourrait-il qu’à force de voir des femmes sans cesse représentées comme objets sexuels, voire comme un fantasme masturbatoire, hommes et femmes finissent par regarder toutes les femmes de la même manière? Possible oui, puisque les jeunes filles et les femmes qui consomment fréquemment des médias de masse dépeignent davantage la femme comme un objet sexuel et ont tendance à placer la beauté physique au centre des valeurs féminines. L’hypersexualisation influencerait la capacité à raisonner et serait associée à un plus grand risque de présenter des troubles alimentaires, une faible estime de soi et des symptômes dépressifs. Ce phénomène serait en outre relié à des difficultés à s’affirmer sur le plan sexuel, à une image irréaliste de la sexualité et à des relations hommes/femmes plus difficiles.

Solutions à portée de médias

Étant donné l’importance des médias dans l’image qui est véhiculée de la femme, une partie importante de la solution semble se trouver de ce côté. Que ce soit en apportant une réflexion afin de développer un esprit critique sur ce qui est présenté dans les médias, ou en invitant les filles à s’exprimer à travers les blogues, les magazines ou les «zines», les médias peuvent avoir une grande influence. Mais par-dessus tout, c’est en présentant une image plus diversifiée de la femme, non pas réduite à un simple objet de désir sexuel, mais comme étant complexe et pleine de ressources sur tous les plans, que les médias pourront réellement contribuer à améliorer la situation.