Se faire ridiculiser, contrôler, menacer, insulter, bousculer, voire même frapper par son amoureux ou son amoureuse, ça existe même chez les adolescents. Et plus souvent qu’on ne le pense… Loin de l’image romantique associée aux premières amours, de nombreux jeunes vivent des relations amoureuses empreintes de violence : lors d’une enquête récente[i], réalisées auprès d’adolescents du secondaire, pas moins de 60% des participants rapportaient subir au moins une forme de violence dans leurs relations amoureuses au cours de la dernière année.
Ces comportements violents peuvent prendre différentes formes. Ainsi, un peu plus de la moitié des adolescents interrogés affirmaient vivre de la violence psychologique. Concrètement, pour une ou un jeune, cela signifie que son partenaire le ridiculise ou rit de lui devant les autres, dit des choses pour le mettre en colère ou le suit pour savoir où il se trouve et avec qui.
Dans un cas sur 7, les comportements violents subis par les jeunes sont de nature physique ou sexuelle. Se faire frapper, gifler, tirer les cheveux, pousser, bousculer, secouer ou retenir de force : voilà à quoi correspond la violence physique dans un jeune couple selon les gestes évalués par l’étude. Quant à la violence sexuelle, celle-ci se manifeste lorsque le partenaire embrasse ou caresse l’autre contre son gré, ou encore, essaie d’avoir une relation sexuelle alors que l’autre ne veut pas.
Enfin, 6% des jeunes interrogés disent subir des menaces de violence physique : leur partenaire menace de leur faire mal, de les blesser, de les frapper ou de leur lancer quelque chose.
Les jeunes filles sont plus nombreuses que les garçons à vivre des situations de violence, peu importe la forme. Cependant, cette différence est encore plus marquée pour la violence sexuelle qui touche une fille sur 5, alors qu’un garçon sur 15 en est victime.
Que peut-on y faire ?
Intervenir par de la prévention et de l’éducation, dès les premières relations amoureuses. Les interventions devraient accorder une place aux aspects positifs de l’amour et promouvoir des relations saines, harmonieuses et égalitaires.
Pour contrer la violence psychologique, la forme la plus fréquente : il est important de faire prendre conscience aux jeunes des mots violents qu’ils utilisent souvent de façon banale et de favoriser une communication positive pour régler leurs conflits et exprimer leurs émotions.
Une enquête sur les Parcours amoureux des jeunes
Ce billet est tiré des résultats d’une étude, réalisée sous la direction de la professeure Martine Hébert, du département de sexologie de l’UQAM, qui a rejoint plus de 8000 jeunes du 2e cycle du secondaire au Québec. Les données rapportées ici sont basées sur un échantillon représentatif de 6 531 jeunes parmi lesquels 55% des filles et 49% des garçons rapportaient avoir eu une relation amoureuse au cours des 12 derniers mois.
Cette recherche traite aussi de bien d’autres thématiques : la cyberintimidation, l’homophobie, le harcèlement sexuel et l’agression sexuelle dans un contexte sportif, la relation entre la violence et la communication dans les couples adolescents, etc. Tous ces aspects des relations amoureuses des jeunes font l’objet d’outils de transfert de connaissances concis et attrayants, destinés tant aux jeunes eux-mêmes qu’aux enseignants et intervenants qui souhaitent aborder ces questions avec eux.
Pour plus d’information ou pour télécharger les outils gratuitement : http://martinehebert.uqam.ca/fr/parcours-amoureux-des-jeunes.html
ou www.paj.uqam.ca
[i] Hébert, M., Lavoie, F., Blais, M. et Guerrier, M. 2015. Flash PAJ #1 – La violence subie dans les relations amoureuses chez les jeunes. Équipe des IRSC sur les traumas interpersonnels, Université du Québec à Montréal.
http://martinehebert.uqam.ca/upload/files/PAJ/Flash_PAJ/Flash%20PAJ%2001%20-%20Prevalence%20violence.pdf