Quand la télévision fait peur…

Pour les jeunes, la télévision représente généralement une source de plaisir, de détente et de divertissement. On oublie par contre souvent qu’elle peut aussi provoquer en eux des sentiments de peur et d’anxiété. En ce sens, plusieurs jeunes affirment avoir déjà éprouvé ce genre de sentiments en regardant la télévision (Villani, 2001; Wilson, 2008). D’ailleurs, une forte proportion d’enfants et d’adolescents ayant déjà visionné une émission au contenu effrayant affirment l’avoir regretté par la suite, en raison des réactions de peur ainsi générées (Villani, 2001).

Même si les enfants d’âge scolaire sont pour la plupart conscients que la télévision présente des contenus fictifs et irréels, ils peuvent tout de même être apeurés en visionnant certains d’entre eux (Villani, 2001). Cela s’explique notamment par le fait que la capacité de distinguer la réalité de la fiction s’acquiert graduellement au cours de l’enfance, généralement vers 5-6 ans. (Voir le texte de référence rédigé par Judith Gaudet « Comment les jeunes comprennent-ils la télévision? »). Ainsi, on comprend que les tout-petits sont nécessairement plus sensibles et vulnérables aux contenus télévisuels que le sont les adolescents (Strasburger, Wilson et Jordan, 2009).

La peur selon l’âge

En fonction de l’âge et du niveau de développement de l’enfant, différents types de programmation leur conviennent mieux que d’autres. Il semble que les jeunes enfants éprouvent davantage de peur face aux images et aux sons violents et terrifiants alors que les plus vieux sont plus perturbés par les aspects abstraits et conceptuels générant la peur (Villani, 2001; Strasburger, Wilson et Jordan, 2009). En ce sens, les jeunes d’âge préscolaire ressentent davantage de peur face aux images démontrant des personnages fantastiques à l’allure laide ou macabre (animaux méchants, monstres, ogres, personnages ayant subi des transformations physiques, déformés ou mutilés), et ce, même s’ils sont considérés comme « gentils » (Wilson, 2008; Strasburger, Wilson et Jordan, 2009). Chez les jeunes âgés de plus de 8 ans, ce sont plutôt les bulletins de nouvelles ou les émissions réalistes démontrant de la violence ou des blessures réelles ou anticipées, qui peuvent susciter une émotion de peur (Wilson, 2008).

L’humour pour atténuer la peur

Lorsque les comportements ou sentiments négatifs vécus par les personnages de fiction télévisuelle sont intégrés dans un contexte humoristique et léger, ils seraient perçus de façon moins dramatique par les jeunes téléspectateurs. Ainsi, l’angle et le traitement des contenus destinés aux jeunes influencent la manière dont ils perçoivent les messages. De plus, il semble qu’une seule exposition télévisuelle peut modifier leur façon de comprendre certains sentiments et émotions (Wilson, 2008). La télévision détient donc un certain pouvoir concernant l’apprentissage des sentiments et des émotions chez les jeunes. Il apparaît important de considérer ces phénomènes complexes, quand vient le temps de développer des contenus télévisuels destinés aux jeunes.

Références

Villani, S. (2001). Impact of media on children and adolescents: A 10-year review of the research. Journal of the American Academy of Child, 40(4), 392-401.

Wilson B.J. (2008). Media and children’s aggression, fear, and altruism. Future of Children, 18(1), 87-118.

Strasburger, V. C., Wilson, B. J., & Jordan, A. B. (2009). Children, adolescents, and the media. SAGE.