Collaboration spéciale de Julie Derome, édimestre à la Zone jeunesse de Télé-Québec et de Johanne Guidotti, conseillère multimédia en jeunesse à Télé-Québec.
Première partie d’une série de deux articles sur les défis du Web jeunesse. (Partie 1/2)
Presque la moitié de la programmation de Télé-Québec est consacrée aux émissions jeunesse. C’est donc dire que Télé-Québec fait définitivement de la jeunesse une priorité. Notre objectif principal est d’accompagner les enfants tout au long de leur développement, de la petite enfance à l’adolescence. Et sachant l’importance que prend le Web dans la vie des jeunes, nous avons le souci de développer des contenus Web de qualité, qui s’inscrivent dans une démarche d’apprentissage, mais sans jamais négliger le divertissement. Tout un défi!
Au fil des ans, nous avons développé des portails spécifiques à notre large cible dont l’âge s’étend de 2 à 12 ans. La zone de jeux des tout-petits s’adresse à nos plus jeunes téléspectateurs et propose des activités variées mettant en vedette les héros qu’ils connaissent bien. Pour les plus grands, le portail Jeunesse propose jeux, concours, vidéos et informations complémentaires sur nos séries jeunesse. En plus de ces deux sites majeurs, nous développons en collaboration avec les producteurs, des sites pour plusieurs de nos séries phares comme Tactik, Kaboum et Sam Chicotte.
Notre secret? Sonder la cible
Mais avant de proposer quoi que ce soit sur le Web, il nous faut sonder notre cible. Pour savoir ce qui les intéresse et pour comprendre leur façon d’utiliser le Web, nous allons régulièrement sur le terrain. Des spécialistes en recherche formative rencontrent pour nous les jeunes et sondent leurs besoins et leurs habitudes sur le Web. Nous gardons une oreille attentive à ce qui plaît le plus chez les tout-petits et à ce qui accroche les plus grands. Aussi, grâce à une banque de plus de 15 000 membres du portail Jeunesse, nous effectuons de temps en temps des sondages auxquels les jeunes répondent en grand nombre. C’est d’ailleurs ce que nous avons récemment fait dans le cadre du développement d’une nouvelle version du portail Jeunesse. Après plusieurs sessions de travail, nous avions deux concepts totalement différents et nous étions incapables de trancher. Nous avons développé deux maquettes et nous avons demandé à nos membres de les regarder et de nous dire ce qu’ils préféraient. Ils ont été très nombreux à se prononcer et à nous écrire. Ils ont fait entendre leur voix et nous les avons écoutés. D’ici peu, ils verront sur leur écran d’ordinateur le résultat de nos cogitations suite à ce sondage et nous avons bien hâte de leur présenter leur tout nouveau portail Jeunesse.
Bien connaître sa cible permet d’adapter le contenu Web à sa clientèle. Par exemple, nous avons choisi d’offrir de très courts extraits de nos séries (chansons, comptines, courtes scènes) dans le lecteur vidéo de la zone de jeux des tout-petits, car nous savons que les jeunes enfants préfèrent visionner des vidéos d’une durée de quelques minutes. Ce qui compte, c’est d’offrir un large éventail de vidéos, mais d’une durée moindre, contrairement à ce qui est généralement offert lorsqu’on s’adresse à une clientèle plus âgée.
Pour les plus grands, nous développons du contenu dont une portion répond au besoin d’action des garçons et une autre qui répond au besoin d’exploration des filles. Au fil des années, nous avons également confirmé certaines hypothèses par rapport à nos jeunes téléspectateurs. À titre d’exemple, les concours qui sont en lien direct avec une série sont beaucoup plus populaires que ceux qui ne le sont pas. Lorsqu’il y a un attachement aux personnages télé, le public suit sur le Web.
En plus de garder un pied sur le terrain, nous sommes à l’affût des recherches dans le domaine. D’ailleurs, la toute récente zone de jeux multijoueurs du site officiel de la série Tactik est directement inspirée d’une conférence donnée par Danah Boyd dans le cadre du colloque international du CEFRIO. Danah Boyd est reconnue sur la scène internationale pour ses travaux sur la culture des jeunes. Plus spécifiquement, cette chercheuse s’intéresse à l’impact des réseaux sociaux sur la génération C. Les travaux de Mme Boyd nous ont inspirés pour créer un lieu de rassemblement virtuel à l’image de lieux physiques, comme une ruelle ou une cour d’école, où les jeunes se rencontraient pour socialiser il n’y a pas si longtemps. Le besoin est resté le même, mais les lieux ont évolué et nous devons nous adapter.
Nous restons à l’écoute des tendances et retournons sonder notre clientèle régulièrement. Tout va tellement vite, c’est un éternel recommencement. Ce qui répond aux besoins de notre cible aujourd’hui ne remplira pas nécessairement les mêmes objectifs l’an prochain. Il faut rester à l’affût et ajuster notre tir continuellement.