Entre les bouchons de circulation ou la cohue dans le métro, le p’tit dernier à aller chercher au service de garde, les activités parascolaires, les devoirs des plus vieux et la préparation du souper, le retour à la maison prend souvent les allures d’un ouragan… Ce rythme de vie accéléré bouscule les habitudes de vie des familles québécoises. La préparation des repas et le type d’aliments que nous consommons n’y font d’ailleurs pas exception.
Plus rapides à cuisiner, les aliments transformés, pré-préparés et prêts-à-servir se taillent une part croissante de nos assiettes. Plusieurs facteurs, autant sociaux, culturels, économiques que politiques, contribuent à cette situation : la présence des femmes sur le marché du travail, une plus grande disponibilité des aliments (dont les aliments transformés), l’abolition des cours d’économie familiale dans les écoles secondaires, etc. Les recherches récentes ne peuvent établir de liens directs entre le savoir-faire culinaire et la santé, mais plusieurs chercheurs sont d’avis que la consommation d’aliments transformés réduit la qualité de l’alimentation (plus de restauration rapide et de friture, moins de légumes, etc.) [1].
Dans les familles qui cuisinent peu, les enfants ont moins d’occasions d’apprendre à cuisiner avec des aliments de base, peu ou pas transformés. Parmi les adultes québécois, huit personnes sur dix ont vu leurs parents cuisiner au quotidien, alors que, dans le contexte actuel, ce sont seulement quatre parents sur dix qui cuisinent chaque soir [2]. Les chercheurs pensent aussi que les enfants et les ados qui ne voient pas leurs parents préparer des repas avec des ingrédients de base et qui ne participent pas à ces activités ne développent pas les habiletés culinaires nécessaires pour faire des choix éclairés. La perte de ce savoir-faire aussi, selon eux, réduit la qualité de l’alimentation et peut même avoir un effet négatif sur la santé. L’amélioration des compétences culinaires fait donc partie des stratégies prometteuses de promotion de la santé [1].
Les obstacles à la préparation des repas en famille
C’est le manque de temps qui est le plus souvent évoqué par les parents comme obstacle à la préparation quotidienne des repas. La planification des repas pose aussi un défi de taille. Lorsque sonne le coup de 17 h, près de la moitié des parents rencontrés au cours du projet Tout le monde à table affirme ne pas savoir ce qu’ils mangeront au souper, et ce, au moins trois fois par semaine [3].
Le manque d’habiletés culinaires des parents est aussi une barrière à la préparation des repas. Près d’un parent sur quatre se sent peu ou pas du tout habile en cuisine. On apprend du même coup que ceux qui se disent plus habiles sont aussi les plus susceptibles d’impliquer les enfants dans la préparation des repas [4].
Pourquoi les enfants ne participent-ils pas à la préparation des repas ? Différentes raisons sont mentionnées par les parents qui trouvent souvent les enfants trop jeunes ou pas assez habiles pour les aider, ou encore, qu’ils sont occupés à d’autres activités pendant la préparation des repas. Alors que les parents affirment que leurs enfants manquent d’intérêt pour la cuisine [4], les enfants (79% ), eux, souhaitent être davantage impliqués dans la préparation des repas [3].
Donner confiance aux parents et favoriser l’implication des enfants
Comment s’y prendre pour encourager les parents à cuisiner plus souvent et avec leurs enfants ? D’abord en mettant l’accent sur les bienfaits de cuisiner en famille (voir l’encadré), mais surtout en les soutenant grâce à des trucs, des outils adaptés et une démarche réaliste, inspirée de l’approche «des petits pas».
En s’inspirant de l’approche des « petits pas », la participation des enfants en cuisine peut commencer les fins de semaine lorsqu’on est moins pressé par le temps, en leur confiant des tâches adaptées à leur âge. Au fur et à mesure de leurs progrès, on pourra leur donner davantage de responsabilités et les impliquer dans les repas de la semaine.
Plusieurs outils peuvent soutenir les parents qui souhaitent cuisiner davantage en famille : guides de planification de menus, recettes simples, validées et savoureuses, etc. Comme une image vaut souvent mille mots, Internet peut être mis à profit pour expliquer des techniques culinaires ou des trucs pour impliquer les enfants en cuisine.
La cuisine, c’est pas juste une corvée!
Cuisiner en famille permet aux enfants :
Cette activité partagée est aussi synonyme de moments de plaisir de qualité en famille et d’un meilleur partage des tâches à plus long terme. |
Parmi les outils qui peuvent inspirer et outiller les parents, on peut mentionner le site web cuisinonsenfamille.ca qui vient d’être lancé par l’équipe des diététistes des Producteurs laitier du Canada. Ce site, qui vise à soutenir les parents, est la suite de la campagne Les mains dans les plats, diffusée sur coupdepouce.com et recettes.qc.ca en 2015 et récipiendaire d’un prix Dux 2016 que l’on peut visionner ici. La Fondation OLO offre aussi des outils pour aider les parents à organiser les repas et à cuisiner à la maison (voir leur site internet).
Références
[1] Santé Canada. Amélioration des compétences culinaires : http://www.hc-sc.gc.ca/fn-an/alt_formats/pdf/nutrition/child-enfant/cfps-acc-synthes-fra.pdf (consulté le 8 avril 2016).
[2] Site internet de la Coalition québécoise sur la problématique du poids : http://www.cqpp.qc.ca/fr/dossiers/competences-culinaires/portrait-de-la-situation (consulté le 8 avril 2016)
[3] Extenso, août 2012, Tout le monde à table, Rapport national, 59 p.
[4] Som recherches et sondages, février 2015, Mesure de précampagne 2015. Participation des enfants à la préparation des repas avec les parents, document interne aux Producteurs Laitiers du Canada. (consulté le 8 avril 2016)
Ce billet a été réalisé en collaboration avec Sylvie -Louise Desrochers et avec le soutien de l’équipe des diététistes des Producteurs laitiers du Canada.