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Quels contenus de divertissement les jeunes Québécois regardent-ils en ligne ? Comment les pratiques de divertissement évoluent-elles selon l’âge, le sexe et les contextes ? Voilà quelques-unes des questions que se posent Christine Thoër et ses collaborateurs, dans le cadre de leur recherche «Jeunes et visionnement connecté ».

L’un des volets de cette recherche a été mené auprès d’un groupe de 61 jeunes âgés de 12 à 25 ans.  Au printemps 2015, 10 groupes de discussion ont été organisés avec des jeunes d’horizons socioculturels et économiques variés de la région de Montréal.  Ce premier billet d’une série de 4 vise à partager quelques résultats issus des analyses réalisées à ce jour (Thoër, Millerand, Vrignaud, Duque et Gaudet, 2015).

Que regardent les jeunes pour se divertir?

Les jeunes rencontrés déclarent visionner une multitude de contenus en ligne dans une perspective de divertissement. De manière générale, ils distinguent les formats longs des formats courts. Les formats longs sont plus souvent des contenus issus de la télévision; il s’agit notamment de séries, principalement américaines, que les jeunes visionnent en grand nombre. Cela renvoie aussi à des émissions de téléréalité, d’affaires publiques, de talk-show, de documentaires, etc., diffusées sur les sites des chaînes ou sites de “replay”, comme tou.tv et sur les sites de streaming illégal (DPStream, SolarMovie, Popcorn Time, Couchtuner etc.) ou légal (Netflix). Les formats courts sont essentiellement constitués de vidéos de toutes sortes qu’ils regardent sur différentes plateformes, comme YouTube, et dont ils apprécient particulièrement la courte durée.

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Le divertissement en ligne : une pratique ancrée dans le quotidien

Le temps qu’ils estiment consacrer au visionnement de contenus de divertissement en ligne est important (moyenne de 3h37 par jour) comme le souligne une jeune fille (13 ans): “On passe notre vie, je pense, sur YouTube et Netflix”. Le temps quotidien consacré au divertissement en ligne varie toutefois grandement selon les jeunes (allant de 20 minutes à 10h45), le genre (50% des filles visionnant 4 heures et plus de contenus de divertissement en ligne par jour, alors que pour les garçons la médiane est de 3 heures).  Par ailleurs, les appareils portables (cellulaires, tablettes, ordinateurs) permettent un visionnement qui échappe au contrôle parental et qui se poursuit, dans certains cas, tard dans la nuit.

Et la télévision dans tout cela ?

L’ère télévisuelle ne semble pas tout à fait révolue. Les plus jeunes (12-14 ans)  regardent encore la télévision, notamment avec leurs parents.  En outre, elle  reste une source d’accès importante aux contenus chez les plus défavorisés – qui n’ont pas nécessairement de connexion Internet à leur domicile, de forfait illimité, d’abonnement à Netflix ou encore d’équipement mobile leur permettant un visionnement individuel. “Tout ça, ça coute de l’argent. Netflix, c’est 8 dollars, les Apple TV, faut avoir une télé spéciale, la connexion, acheter des projecteurs et toutes ces affaires… C’est vraiment cher. Nous, Madame, on est des Monsieurs Samsung” (garçon 14-16 ans). Le visionnement connecté gagne toutefois clairement en importance, puisque plus de la moitié des jeunes rencontrés, notamment les plus âgés, disent ne plus regarder la télévision (plusieurs n’en sont pas équipés) même s’ils visionnent en ligne des contenus télévisuels.

Quels sont les contenus de divertissement favoris des jeunes ?  À suivre dans notre prochain billet…

À voir aussi : Quand les médicaments et les drogues sont sources de divertissement: le cas de la série Skins

Références

Thoër, C., Millerand, F., Vrignaud, C., Duque, N. et Gaudet, J. (2015). « Sur le web, je regarde des vidéos, des séries et des émissions »: catégorisation et sélection des contenus de divertissement visionnés en ligne par les jeunes de 12 à 25 ans. Comunicazioni Sociali. Tv Genres in the Age of Abundance. Textual Complexity, Technological Change, Audience Practices., (2). Récupéré de http://comunicazionisociali.vitaepensiero.it/scheda-fascicolo_contenitore_digital/autori-vari/comunicazioni-sociali-2015-2-tv-genres-in-the-age-of-abundance-textual-complexity-technological-change-audience-practices-001200_2015_0002-313438.html

Site du projet Jeunes et visionnement connecté