Les jeunes d’aujourd’hui : désengagés ou engagés autrement?

Les jeunes sont-ils individualistes, désengagés et apathiques, comme on l’entend souvent dire dans différents médias et certaines enquêtes scientifiques? Cette image d’un déficit de participation et d’engagement est-elle exacte? N’y aurait-il pas lieu de plutôt reconsidérer nos critères d’évaluation pour mieux apprécier la contribution des adolescents au bien-être de leurs communautés?

Bien que les médias sociaux donnent parfois lieu à de la cyberintimidation, ils possèdent également un potentiel d’engagement civique, car ils s’offrent comme des espaces d’expression et de discussion où l’entraide, le soutien et la collaboration entre jeunes sont possibles. C’est du moins le point de vue qu’avance Caroline Caron, professeure de communication au Département des sciences sociales de l’Université du Québec en Outaouais.

Dans cette capsule vidéo, la professeure relate les résultats d’une étude de cas qu’elle a menée sur la plate-forme YouTube afin d’examiner de plus près le contenu d’une série de capsules vidéo réalisées par une adolescente de 16 ans sur le thème de l’intimidation à l’école secondaire. Selon Caroline Caron, la série produite par la vidéaste amateure déploie cinq modalités de mise en relation de soi avec un public adolescent :

1) La confidence, par la confession et le partage de son expérience douloureuse de rejet à l’école secondaire;

2) La résistance aux catégories que d’autres jeunes lui imposent par des mots méchants et des étiquettes blessantes;

3) La sollicitude, par des messages de soutien et d’encouragement adressés aux jeunes qui éprouvent un problème similaire dans le quotidien de leur vie scolaire;

4) La mobilisation, par sa défense d’une cause sociale : le respect des différences chez les jeunes, par les jeunes;

5) L’action-intervention, par des appels lancés à d’autres jeunes pour qu’ils luttent contre l’intimidation à l’école afin d’abolir cette forme de violence quotidienne qui « brise des vies ».

Selon la professeure, ces modalités de mise en relation de soi avec un public de pairs autour d’une cause sociale expriment une forme d’engagement civique dont le Web 2.0 facilite de plus en plus l’émergence. Caroline Caron est d’avis que le phénomène mérite d’être étudié pour être mieux compris par la communauté scientifique et les divers intervenants du secteur de la jeunesse. La professeure a d’ailleurs établi son programme de recherche autour de cet objectif. Grâce à l’appui d’une subvention du CRSH, elle mène présentement des travaux avec des collègues de l’Université Brock et de l’Université McGill visant à mieux comprendre l’expression de l’engagement civique chez les adolescents par la production et la diffusion de vidéos sur la plate-forme YouTube.