Avant de faire relâche pour la période des Fêtes, l’équipe du blogue C’est malade! souhaite vous partager un billet fort intéressant, rédigé par l’auteure pigiste Amy Benham, tiré du blogue de l’Alliance médias jeunesse.
L’équipe de C’est malade! profite de cette dernière publication de l’année pour vous souhaiter un heureux temps des Fêtes et pour vous transmettre ses meilleurs vœux de santé et de bonheur!
Au plaisir de vous retrouver en janvier 2015!
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Le lancer de hache est un sport qui consiste à envoyer une petite arme tranchante sur une grosse cible en bois. Cela procure une incroyable satisfaction quand on réussit, et une incroyable frustration quand on manque son coup. Exactement comme l’écriture pour la télévision pour enfants.
Par exemple, il arrive qu’on lance une hache ou qu’on écrive un gag (voire un script entier si on a de la chance) et que juste avant de l’envoyer, on SACHE qu’on va viser juste. Et la hache se fiche en plein dans le mille ou l’ébauche fait un carton. Les coéquipiers du lancer de hache applaudissent en criant de joie, et l’équipe de production est morte de rire. Tout baigne.
Il arrive aussi qu’on ait exactement la même impression, mais qu’on obtienne le résultat inverse. Le script qu’on aime tant est à reprendre depuis le début ou, à une réunion, on présente plein de confiance une idée d’émission et on réalise que tout le monde nous regarde comme si on portait un casque d’extraterrestre. De même, on peut tout autant avoir l’impression d’avoir les choses bien en main et que la cible est impossible à manquer, quand soudain la hache rebondit sur la cible dans une gerbe d’étincelles, vole dans les airs et atterrit bruyamment par terre! Dans ces trois cas, il ne reste plus qu’à s’esquiver et à aller prendre un verre. Parce que oui, le lancer de hache et l’écriture impliquent tous deux plus d’alcool qu’on veut bien l’admettre.
Aussi, le lancer de hache et l’écriture sont autant de manières créatives de laisser sortir les émotions sans passer pour un fou furieux. Si je fais référence à la folie ici, c’est parce que le fait d’écrire vous fera douter de votre santé mentale, et que le fait de vous balader avec une hache suscitera les mêmes doutes chez les autres. Mais revenons aux comparaisons légères! L’une des règles de base du lancer de hache, c’est que quand on la lance avec colère, le lancer est bon. Imaginer la tête d’un ex sur la cible est pratique courante, c’est-à-dire la norme. Avec l’écriture, l’utilisation des blessures émotionnelles requiert un peu plus de finesse, mais cela peut donner des résultats exceptionnels. Mes meilleurs scripts s’adressant à des enfants d’âge préscolaire ont été inspirés par des jalousies, des frustrations ou des déceptions vécues dans ma vie d’adulte, que j’ai replacées dans un contexte reflétant le quotidien des enfants de cet âge. Même si, pour être honnête, c’est plus facile certains jours que d’autres. J’ai toujours autant de mal aujourd’hui à attendre que les biscuits soient cuits que quand j’avais cinq ans.
Mais là où l’écriture de scripts et le lancer de hache dans des cibles en bois se rejoignent le plus, c’est que dans les deux cas, quand on le fait bien, ce n’est pas superficiel.
Il y a littéralement imprégnation. Créer des personnages qui ont l’air tellement réels qu’on en oublie qu’ils sont fictifs, ou se hisser sur une jambe pour arracher une hache enchâssée au centre d’une cible font que tous les coups manqués et toutes les réécritures en valent la peine. (Même si la différence de temps et de dévouement entre ces deux activités est ÉNORME et ne peut être comparée, sans quoi, toute l’analogie s’écroule! Si on lance suffisamment de fois une hache pendant une heure, on finira probablement par taper dans le mille. Avec l’écriture de scripts, c’est une autre histoire.)
D’un autre côté, il ne faut pas oublier que ces outils, mots ou haches, sont amusants et passionnants, mais que ce sont aussi des armes redoutablement mortelles. Travailler pour la télévision pour enfants nous donne une voix d’une puissance incroyable; la voix la plus forte et la plus résonnante que beaucoup d’enfants entendront. Nous devons conserver un esprit alerte, rester authentiques et taper en plein dans le mille parce qu’ils se souviendront des personnages que nous créons et des histoires que nous racontons jusqu’à la fin de leur vie. Alors faisons en sorte que ces personnages et ces histoires soient formidables. Puis appuyons sur Envoyer et allons lancer quelques haches! Sérieusement, c’est très libérateur.