La « dépression Facebook » chez jeunes

Facebook, MySpace et Twitter font partie intégrante du quotidien d’une grande partie des adolescents. Que ces derniers soient à la maison, à l’école, au parc ou en voiture, ils peuvent facilement s’y connecter via leur cellulaire, leur iPod Touch ou leur ordinateur portable.

Toutefois, ces sites pourraient nuire à leur santé. Dans son dernier rapport  intitulé «The Impact of Social Media on Children, Adolescents and Families», l’American Academy of Pediatrics (APP) signale que l’usage des médias sociaux par les adolescents pourrait avoir des effets négatifs sur leur santé, parmi lesquels on signale un phénomène récent : la « dépression Facebook ».

Qu’est-ce que la « dépression Facebook »?

La « dépression Facebook », qui toucherait principalement les adolescents et pré-adolescents, serait associée à une utilisation intensive des médias sociaux et se manifesterait par des symptômes classiques liés à la dépression[1]. Pour ce qui est de l’intensité de la fréquentation de ces plateformes de réseautage social, l’enquête citée par l’AAP affirme que plus de la moitié des adolescents se connectent plus d’une fois par jour sur leur média social préféré et 22% plus de dix fois par jour [2].

Selon les pédiatres, c’est l’augmentation et l’intensité de la participation à la plateforme Facebook et aux autres sites de réseautage social qui constituerait un facteur pouvant déclencher la dépression chez les adolescents. En effet, cela risque d’isoler les jeunes socialement et de modifier leur comportement dans la vie de tous les jours. Cette utilisation intensive des médias sociaux pourrait ainsi avoir une influence sur le développement social et émotif des jeunes. Parmi les autres risques mentionnés par l’AAP, on trouve le « cyberbullying » (diffusion d’informations hostiles à l’égard d’autres individus, ce qui peut affecter ces derniers au plan psychologique), de même que le « sexting » (échange de contenu sexuellement explicite via des appareils technologiques). L’AAP croit donc que les pédiatres devraient augmenter leur connaissance de la technologie pour mieux informer les familles des effets négatifs des médias sociaux et leur fournir des outils, comme des sites Internet pouvant servir de référence, afin de favoriser les discussions. Il est à noter, toutefois, que de nouvelles études sont nécessaires pour mieux documenter et comprendre l’association entre la fréquentation des médias sociaux et la dépression.

Les médias sociaux : source d’information et de soutien social

L’utilisation des médias sociaux peut aussi produire des effets favorables : ces outils permettent aux jeunes de rester connectés avec leurs amis et leur famille, de même que d’échanger des photos et des idées avec ces derniers. De plus, en ce qui a trait à la santé, les adolescents trouvent que les médias sociaux facilitent l’accès à l’information, notamment en ce qui concerne les ITSS, la réduction du stress et, justement, la dépression[3].

Identifier les jeunes qui souffrent de dépression

La plateforme Facebook pourrait également être utilisée pour identifier les jeunes à risque de dépression. Une étude menée par des chercheurs du Wisconsin, et intitulée «Feeling bad on Facebook: depression disclosures by college students on a social networking site», a tenté d’évaluer, à l’aide de 200 profils Facebook « publics » appartenant à des jeunes âgés en moyenne de 20 ans, les manifestations de symptômes liés à la dépression, et ce, en concordance avec ceux énoncés dans le DSM[4]. Au final, 25% des profils analysés montrent des symptômes liés à la dépression, 2,5% de ces adolescents vivant un épisode de dépression majeure. Les chercheurs soulignent toutefois que les jeunes qui reçoivent de l’appui de la part de leurs amis sont plus portés à discuter de leurs symptômes publiquement. Aussi est-il important de repérer les jeunes à risque de dépression, l’outil pouvant aussi être utilisé pour la prévention du suicide. Sur un plan plus général, les chercheurs croient que les médias sociaux devraient être utilisés pour combattre les préjugés concernant les maladies mentales.

[1] O’Keeffe, G.S. et K. Clarke-Pearson (2011). « Clinical Report – The Impact of Social Media on Children, Adolescents, and Families ». American Academy of Pediatric. Pediatrics, vol. 127, no 4.

[2] Ibid

[3] Ibid

[4] Moreno, M.A., L.A. Jelenchick, K.G. Egan, E. Cox, H. Young et K.E. Gannon (2011). « Feeling bad on Facebook: depression disclosures by college students on a social networking site ».

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