Qu’est-ce qui est bien et qu’est-ce qui est mal? Le point de vue des petits philosophes de 9 à 10 ans.

« Faire le mal, c’est d’être méchant avec quelqu’un, c’est de voler, et faire le bien, c’est d’être heureux, prendre le temps de vivre, d’être gentil avec ses amis et d’aider quelqu’un »; « Parfois, faire le mal peut être bien, ça dépend des fois, comme de mentir  ça peut être correct, si c’est pour aider un ami »; « Des fois faire des petits coups, ça peut être correct, comme voler des bonbons avec un ami, pour avoir du plaisir avec lui, c’est quand même pas aussi grave que tuer quelqu’un »; « Il faut réfléchir pour savoir ce qui est bien et ce qui est mal, ça dépend de chaque situation ».

Voilà dans les grandes lignes  la conception du bien et du mal qui émerge des propos fort intéressants tenus par des jeunes de 9 à 10 ans dans le cadre de l’émission « Les petits philosophes », animée par Serge Bouchard et diffusée le 3 janvier 2012 sur la Première Chaîne de Radio-Canada.  Les propos de ces philosophes en herbe illustrent en partie les connaissances scientifiques dans le domaine du développement moral des jeunes. En effet, les travaux de Kohlberg indiquent qu’entre l’âge de 7 et 12 ans le petit groupe d’amis dont l’enfant fait partie devient plus  important. Les actions jugées morales sont celles qui correspondent aux attentes des autres ou qui évitent la désapprobation d’autrui. L’enfant valorise la confiance, la loyauté, le respect, la gratitude et la conservation des relations mutuelles avec ses amis et sa famille.  Quant aux travaux d’Einsenberg (1989), ils précisent que les enfants de 8 à 12 ans sont souvent à la recherche de récompenses et d’approbation de la part des figures d’autorité (parents, enseignants), ce qui les motiverait à « bien agir ».  En outre, plusieurs jeunes de cet âge entretiennent une conception stéréotypée de ce qui est bon ou mauvais (bon = gentil; mauvais = méchant).

Bien évidemment, il existe des différences importantes entre les jeunes d’un même groupe d’âge.  D’ailleurs, certains des jeunes qui ont participé à l’émission « Les petits philosophes » envisagent le bien et le mal dans une perspective davantage relativiste que stéréotypée, en précisant qu’un même comportement peut être bien ou mal; que cela peut varier selon les contextes et selon la gravité des répercussions sur autrui.

Références

Pour en savoir plus sur le développement moral des jeunes et les travaux de Kohlberg, voir le site lecerveau.mcgill.ca

Eisenberg, N. (1989).  The development of prosocial values. In N. Eisenberg, J. Reykowski & E. Staub. (Eds).  Social moral values : Individual and social perspectives. Hillsdale, NJ : Erlbaum.