Le sexting chez les adolescents : aussi courant qu’on pourrait le croire?

Des chercheurs du Crimes against Children Research Center de l’Université du New Hampshire ont publié récemment une fiche d’information pour faire le point sur les récentes études parues sur l’ampleur  du sexting chez les adolescents. Leur analyse a permis de mettre en lumière les forces, mais aussi et surtout les limites de ces études, tant en ce qui concerne leur rigueur méthodologique que leur traitement médiatique, mettant ainsi en garde le grand public de conclure trop vite à un phénomène largement répandu.

C’est quoi le sexting?

D’abord, le terme sexting vient d’une contraction entre les mots sexe et texting. Cet acte consiste à envoyer de manière électronique des messages sexuellement explicites. Mais lorsque l’on parle de sexting chez les adolescents, de quoi est-il question au juste?

Suivant leur analyse, les chercheurs remarquent que ce terme est communément employé pour décrire la création et la transmission d’images sexuelles par des mineurs. Cependant, d’une étude à l’autre, le terme sexting réfère à différentes définitions et renvoie à divers modes de transmission et d’activités.

Dans ce cas-ci, les études analysées par les auteurs traitaient principalement du sexting fait à partir d’un téléphone cellulaire, mais le terme peut également inclure l’utilisation d’autres technologies numériques comme les courriels, la messagerie instantanée et les médias sociaux. D’autre part, le terme sexting peut aussi être utilisé afin de décrire la production et l’envoi d’images de soi, la réception d’images provenant directement du producteur d’images, ou bien la retransmission d’images reçues.

Il est important de spécifier qu’au Canada, le sexting chez les jeunes constitue un acte de pornographie juvénile au sens de la loi, dans la mesure où l’on est en présence d’images dites « sexuellement explicites » de mineurs, et ce, même si c’est un mineur qui produit lui-même le matériel.

Comment les médias traitent du sexting

Les médias donnent souvent l’impression que le sexting est un problème excessivement répandu chez les adolescents. Or, il y a encore peu de preuves que ce problème ait une aussi grande portée. Les études ayant reçu le plus d’attention médiatique comportent, pour la plupart, un bon nombre de problèmes, notamment l’utilisation de termes ou de concepts vaguement définis. D’autre part, certaines données tout à fait valides ont été déformées ou exagérées par les médias, faussant ainsi l’ampleur du problème et déformant la perception du public sur le sujet.

Une méthodologie contestable

Les auteurs font remarquer qu’il est difficile de comparer les différentes études analysées et de tirer des conclusions claires sur la prévalence du sexting chez les jeunes puisque la plupart de ces études ne définissent pas le problème de la même façon. De plus, certaines études reposent sur des échantillons qui ne sont pas représentatifs de la population étudiée.

Le sexting chez les adolescents demeure un problème qui préoccupe les parents, les éducateurs et les représentants de la loi. Même si plusieurs études ont déjà été menées sur le sujet, certains points mériteraient d’être reconsidérés, notamment la nécessité qu’une définition claire de ce phénomène. À la lumière de ces informations, les auteurs nous invitent à rester vigilants et critiques sur ce qu’on peut lire au sujet du sexting chez les jeunes.

Références :

Lounsbury, K., Kimberly J., Mitchell & David Finkelhor. The true prevalence of sexting. University of New Hampshire, Archives of Crimes against Children Research Center, avril 2011.

«Âge légal pour consentir à une activité sexuelle : Que devriez-vous savoir à ce sujet?» (janvier 2010) Ma sexualité.ca : la recherche en revue, 3p.