Les DVD ou séries télé pour tout-petits : sont-ils efficaces pour stimuler leur développement socio-affectif ?

Stimuler le développement socio-affectif ou socio-émotionnel des tout-petits, voilà l’un des objectifs que plusieurs producteurs de médias jeunesse poursuivent. Cette sphère de développement renvoie à tout ce qui concerne l’estime et la confiance en soi et le développement des interactions et habiletés sociales (comment se faire des amis, gérer des conflits, etc.).

Selon l’étude de Fenstermacher et collaborateurs (2010) parue dans la revue Infant and Child Development, les trois objectifs les plus souvent mentionnés par les équipes de production de séries destinées aux 0-3 ans concernent (en ordre décroissant d’importance) : 1) le développement des connaissances générales (32%  des séries), 2) le développement du langage (29% des séries) et 3)  le développement socio-affectif (17% des séries).

Mais est-ce que les objectifs sont toujours atteints ou réellement poursuivis ?

Il semblerait que cela ne soit pas toujours le cas, tout particulièrement en ce qui concerne le développement socio-affectif. L’équipe de Fenstermacher a analysé le contenu et les objectifs pédagogiques de 26 séries américaines (2 épisodes par série) ciblant les 0-3 ans produites en 2007-2008. Il en ressort que peu de segments abordent spécifiquement le développement socio-affectif (4,6% des scènes visionnées). En outre, lorsque ces contenus sont abordés, cela est souvent fait de manière « magistrale » ou décontextualisée, soit à l’aide d’une voix hors champ explicative ou par l’entremise du héros du jour.

Les connaissances récentes en psychologie développementale indiquent qu’il serait plus efficace d’aborder les contenus socio-affectifs en les mettant en action : en misant notamment sur des interactions sociales entre les personnages (enfants et/ou adultes) afin de reproduire des modèles de relations auxquels l’enfant est susceptible d’être exposé dans sa vie quotidienne. Non seulement cela semble-t-il plus efficace sur le plan pédagogique (le jeune enfant apprend beaucoup par observation), mais on pourrait penser que cela serait aussi plus intéressant sur le plan dramatique.

Qu’en pensez-vous?

Référence :

Fenstermacher, S.C. et coll. (2010). Interactional Quality Depicted in Infant and Toddler Videos: Where are the Interactions? Infant and Child Development, vol.19, pp.594-612.