Qu’est-ce qui influence le bien-être des jeunes enfants?

Comment déterminer l’état de bien-être d’un enfant? Quelles sont les composantes qui peuvent influencer cet état aussi complexe et subjectif, dont les manifestations diffèrent d’un individu à l’autre? Les résultats d’une étude publiée dans la revue Child Indicators Research (2008) suggèrent notamment que les stress parentaux (financiers, relationnels, santé, consommation d’alcool) auraient une influence sur le bien-être subjectif de l’enfant.

C’est quoi le bien-être?

Les chercheurs de cette étude définissent le bien-être subjectif sous le concept de sécurité. En d’autres termes, il s’agit de la capacité à s’adapter aux incertitudes de la vie. À l’inverse, il y a insécurité lorsqu’une personne ne peut s’adapter adéquatement aux difficultés qu’elle rencontre et qu’elle perçoit le monde externe comme incontrôlable

Pour mesurer l’influence potentielle du contexte de vie sur le bien-être subjectif des enfants, les chercheurs ont puisé les données dans deux villes comparables en Estonie et en Finlande, deux pays partageant des caractéristiques culturelles semblables, mais présentant différentes structures sociales. Pour les fins de cette étude, 421 enfants âgés entre 5 et 6 ans et leurs parents ont été consultés sur deux périodes distinctes (entre 1993-1994 et entre 2002-2003).

Les questions posées aux enfants visaient notamment à mesurer certains indicateurs du bien-être subjectif tels que les différentes peurs vécues par les enfants et sur la qualité de leurs réseaux sociaux. Les parents ont quant à eux été sondés par questionnaire sur les symptômes psychosomatiques, les inquiétudes et sur le comportement de leurs enfants. Puis finalement, ils ont mesuré certains indicateurs du bien-être de la famille en s’intéressant à la santé des parents, à la qualité des relations familiales, à la consommation d’alcool, puis leur situation financière.

L’importance des personnes significatives

Dans les deux pays et aux deux temps de mesures, il a été remarqué que les enfants attachent plus d’importance à la mère et au père qu’à la fratrie, aux pairs et aux autres adultes à l’extérieur de la famille. Cela peut s’expliquer par le jeune âge des enfants étudiés. Néanmoins, les réseaux sociaux extra-familiaux de l’enfant apparaissent pallier aux relations familiales en période de stress.

L’argent le grand responsable?

Fait surprenant, on observe que plus le stress familial financier est élevé, moins l’enfant rapporte avoir peur de la nouveauté et des choses liées à l’imagination (incluant les peurs induites par la télévision). Cependant, les problèmes financiers sont, dans l’ensemble, liés à un faible bien-être subjectif de l’enfant. Les auteurs soulignent toutefois que le bien-être économique de la famille n’est pas à lui seul suffisant pour assurer le bien-être subjectif de l’enfant.

En effet, d’autres facteurs entrent en ligne de compte. Les chercheurs se sont notamment intéressés aux différents facteurs d’angoisse dénotés chez les jeunes interrogés. Parmi ces causes, ils ont dénombré entre autres des facteurs reliés aux relations familiales (tensions parentales, divorce, violence faite par une personne aimée, querelles avec les parents, problèmes d’alcool d’une personne aimée), des facteurs concernant les pairs (être ridiculisé par d’autres enfants, se quereller avec des pairs, voir un autre enfant se faire ridiculiser), puis des facteurs reliés à la santé des parents (maladie grave ou décès d’une personne aimée).

Ce qu’il faut comprendre, c’est que chaque enfant réagit différemment aux diverses formes de stress. Le bien-être subjectif des enfants est un phénomène très complexe et ne peut être réduit aux ressources économiques et sociales de leur famille.