C’est avec enthousiasme que Sylvie Tremblay accueille l’équipe de C’est malade! chez Sovimage, maison de production à laquelle elle s’est jointe en 2008. Titulaire d’une maîtrise en psychologie, elle a fait ses classes dans le milieu des médias au début des années 1990. Elle a entre autres été psychologue-conseil pour des émissions destinées aux jeunes enfants, puis elle a occupé les postes de script-éditrice et coordonnatrice à la recherche et à la scénarisation pour la populaire émission jeunesse Les Débrouillards. C’est vers la fin des années 1990 qu’elle devient productrice. Sylvie Tremblay compte à son palmarès plusieurs succès jeunesse dont Macaroni tout garni, Kif-Kif ainsi que l’une des dernières « série-culte » des jeunes Québécois : Ramdam.
Lorsque l’on demande à Sylvie Tremblay ce qui lui tient à cœur dans sa profession, elle répond sans équivoque :
« combler les attentes du jeune public qui, devant le petit écran, veut avant tout se divertir. En plus, il faut tenir compte du fait que les jeunes sont connaisseurs, ils sont des maîtres-scénaristes. Ils sont capables d’inventer des histoires, de les scénariser à voix haute, de les tourner et de les monter. Alors il faut être à la hauteur! »
Une productrice qui discerne les priorités
Sylvie Tremblay soutient que peu importe le message véhiculé dans une émission, sa véracité demeure cruciale. Elle reconnaît le pouvoir qu’elle détient, en tant que professionnelle des médias, et souligne qu’il s’agit d’un privilège que de pouvoir « entrer » chez les gens par le biais de la télévision. La productrice précise à ce sujet que ce média constitue l’unique source d’informations offerte dans certains foyers québécois. Voilà entre autres pourquoi elle accorde une aussi grande importance à l’exactitude des contenus diffusés, surtout quand vient le temps d’aborder certains sujets complexes. Dans ces cas particuliers, il s’avère parfois nécessaire d’aller chercher de l’information plus spécifique pour mieux définir et déterminer l’angle idéal à adopter dans le scénario.
Dans le cas de Ramdam, Sylvie Tremblay était consciente du fait que l’émission rejoignait un public large et la difficulté résidait d’abord dans le choix de l’angle de traitement afin d’interpeller et de toucher le plus vaste public possible qui comptait «des abîmés, des merveilleux, des chanceux, des pas fins…»
Pour avoir accès à de l’information juste et pertinente, l’équipe de Ramdam mandatait parfois des recherchistes pour aller sur le terrain et rencontrer des jeunes, des experts et des spécialistes. L’information ainsi recueillie était transmise aux auteurs pour ensuite être intégrée dans les scénarios. À ce sujet, la productrice laisse entendre que cette étape n’était pas toujours de tout repos…
« Auteurs, recherchistes et conseillers discutaient ferme pour que l’histoire scénarisée ne soit pas alourdie par une surdose de contenus prescrits. Sans oublier l’humour et les paramètres de production! Un beau défi, lancions-nous à la rigolade! » ajoute Sylvie Tremblay.
Les jeunes veulent rire!
Au cours de sa carrière, Sylvie Tremblay a constaté une certaine tendance à propos de ce qui intéresse les jeunes à la télévision. Dans tous les focus groups composés de jeunes qu’elle a eu la chance d’observer, l’importance qu’une émission soit drôle ressortait à tous coups. Jusqu’à l’âge de 15 ans, la productrice considère qu’il s’agit là d’une nécessité pour le jeune public. Par la suite, ce critère s’amenuise. C’est notamment pourquoi elle a toujours choisi de présenter des comédies aux jeunes et elle considère ne jamais avoir été contredite dans cette avenue.
« Les jeunes, ils regardent la télé pour se divertir, ils sont à l’école toute la journée et ils aiment bien, quand ils arrivent à la maison, avoir un divertissement. Si, on les ramène à l’école (dans le scénario), il faut que ce soit vraiment éclaté et vraiment le fun. C’est l’angle que je privilégie. »
Quand les personnages font partie de la famille…
Ayant travaillé à l’élaboration de plusieurs émissions quotidiennes, elle nous fait remarquer que cela consiste en quelque sorte à entrer chaque jour dans la vie du spectateur. Dans ce contexte particulier, elle dose l’occurrence des situations qui se rapprochent du quotidien du public et les drames plus intenses :
« Avec Ramdam, on faisait un équilibre entre beaucoup de comédie, puis de temps en temps, on en profitait pour pousser un peu plus loin certains thèmes plus sérieux, vu l’attachement aux personnages suscité par l’émission quotidienne. »
Dès la première année de diffusion, Sylvie Tremblay se rappelle que le personnage de Mariane (Mariloup Wolfe), qui était plutôt « fofolle », en venait à s’ennuyer de sa mère qui était décédée. Le scénario proposait alors une facture plus émotive, plus complexe sur le plan socio-affectif.
Divertir et faire rire le jeune public tout en demeurant vrai et touchant : voilà quelques-uns des critères qui ont façonné la vision de Sylvie Tremblay et qui l’ont guidée dans l’élaboration de ses projets. Jusqu’à présent, on peut affirmer sans hésitation que cette productrice de talent a certainement contribué à enrichir la télévision québécoise destinée aux jeunes.